Il y a 35 km depuis Rivas (Nicaragua) jusqu'à la frontière avec le Costa Rica. Julien, un ami cycliste français s'est fait dérobé ses valeurs (attaque à main armée) sur ce tronçon et apparemment les voyageurs en vélo sont des victimes de choix (voir forum ici). Raison pour laquelle nous prenons un taxi, le chauffeur est également bien au courant des problèmes de sécurité dans la région. Il nous explique avoir ramené une fois un cycliste en ville qui n'avait même plus ses chaussures, les voleurs lui avaient vraiment tout ramassé! A la migration du Costa Rica, surprise, nous recevons un Visa de seulement 15 jours. Il faudra faire avec.
Nous passons la première nuit chez les « Ticos » dans le village sans âme de "La Cruz", situé à une vingtaine de kilomètres au sud de la frontière. Dans une petite auberge, je demande s'il est possible de camper dans la cour, la réponse est négative. Flurina frappe à la porte du prochain établissement, sans succès. Nous demandons alors à la gendarmerie municipale mais là aussi, le policier refuse. La 4ème tentative chez les sœurs catholiques est la bonne. Nous sommes reçus chaleureusement. Il y a une sorte de paroisse avec une grande salle. Il y a aussi une douche, un WC, bref tout ce qu'il faut. Un petit passage au super marché confirme ce que l'on savait déjà, tout est beaucoup plus cher ici (en fait, c'est un peu des prix suisses.) Tout est également beaucoup plus propre et l'eau est pour la plupart du temps potable. Pas étonnant d’ailleurs que ce pays soit surnommé "la Suisse d’Amérique Centrale". Le lendemain, après une bonne étape de 105 kilomètres nous nous arrêtons à 5 kilomètres au nord de Cañas dans un restaurant devant lequel flotte un drapeau suisse. Lorsque je demande s'il est possible de camper (il y a une jolie place entre la propriété et le bord de la rivière), la gérante accepte très volontiers, mettant également à disposition les toilettes du restaurant ainsi qu'une douche. Ce soir-là, nous mangeons dans la tente car les nombreux moustiques nous piquent à plusieurs reprises.
Depuis Cañas, il y a plusieurs routes possibles pour rejoindre San José, la capitale. Nous choisissons de passer par le lac artificiel d'Arenal, dominé par le volcan du même nom. Avec le recul, c'était peut-être une erreur. Il fait chaud, ça monte mais surtout le vent est si violent qu'il est parfois impossible d'avancer. Il y a d'ailleurs des dizaines d'éoliennes dans le paysage. C'est dur, vraiment. Ce jour-là, la moyenne est en dessous des 10 km/h. Comme récompense, nous trouvons un super endroit pour camper sur une colline à proximité du village de "Nuevo Arenal". (Dans les années 70, les habitants de l'endroit où se trouvait originellement le village Arenal ont dû être déplacés, leurs maisons disparaissant sous l'eau lors de la mise en service du barrage.) Cette fois, pas de moustique, l'endroit est super calme avec une belle vue sur le lac. Et puis, on a gagné quelques mètres d'altitude et il fait enfin un peu moins chaud. Nous repartons au petit matin (le jour se lève vers 5h00), le vent a presque disparu mais la route au bord du lac reste très sinueuse. Le paysage est très vert, c'est un endroit très touristique et nous passons devant d'innombrables hôtel, lodges, il y a même quelques chalets suisses. Nous campons à nouveau dans une sorte de camping. A Ciudad Quesada, petit problème mécanique, nous devons changer les pédales du vélo de Fleur. A bout de force après les efforts des derniers jours, nous rejoignons San José en bus. Grettel (un grand merci à Sarah pour le contact) nous accueille avec un grand sens de l'hospitalité dans sa maison.
Nous passons 3 jours dans la capitale avec au passage un petit bonjour à notre amie suisse Noemi. De San José, nous choisissons le chemin le plus facile pour rejoindre la côte pacifique. Je ne suis pas en forme olympique (un peu de fièvre, un virus ?) et la saison des pluies à commencé. Le bon côté c'est qu'il fait un peu moins chaud. A Parrita, je me rends à l'hôpital où je reçois un antibiotique sous forme de petite piqûre dans la fesse droite. Après une nuit passée chez les pompiers à Quepos, nous reprenons la route. Il reste deux jours avant l'expiration du Visa et encore pas mal de kilomètres à parcourir. A m'entêter à vouloir pédaler je ne récupère pas complètement. Résultat, la fièvre et mon mal de tête reprennent de plus belle. Nous nous arrêtons dans un petit restaurant peu après Uvita. Je suis fatigué, découragé, malade. Pour la première fois depuis le début de voyage, je suis à bout de force et l'idée de camper ne m’enchante pas du tout. C'est alors que débarque Scott. Scott, est américain, vit à Portland et se rend chaque année au Costa Rica. Il réside dans une luxueuse villa avec une vue imprenable sur l'océan. Il nous paye le café puis nous invite à passer la nuit dans cette superbe demeure. Scott, un ange de plus sur notre chemin... Nous laissons les vélos au restaurent et embarquons dans sa voiture (la maison se trouve sur la colline, 700 mètres plus haut. Un grand MERCI à Scott pour sa générosité. Le lendemain, je ne suis pas en état de faire le moindre effort et nous rejoignons la frontière en bus. Il faut plus de deux heures pour convaincre les douaniers de nous laisser passer. Le problème ? Ils exigent un billet d'avion qui prouve que nous rentrons en Suisse. Nous nous en sortons en montrons une copie de notre relevé bancaire ainsi qu'un billet d'avion factice Panama-City – Cartagena.
Voilà, finalement nous n'aurons pas vu grand chose du Costa Rica et c'est un peu dommage. Nous sommes actuellement à Boquete, Panama, un chouette endroit pour se relaxer et recharger les batteries.
posted @km 13'032